C’est très naturellement que ce titre s’impose à une œuvre conçue librement au point de vue des idées musicales, mais gardent quand même dans sa construction et ses contours nettement accusés la forme d’une sonate en trois parties.

De Voluntatis Virtute. — L’idée initiale tient en ces trois mots. L’auteur pense que la plus grande force dynamique, c’est la Volonté qui, jamais lasse, doit fatalement triompher de tous les obstacles. Il croit en outre qu’un pays peut devoir sa richesse à son commerce, à son industrie ou à la puissance brutale de ses armes, mais qu’il n’obtiendra sa vraie gloire, sa parfaite et féconde civilisation que par ses artistes et ses penseurs.

— J’ai, après l’exposition initiale, essayé de traduire dans la première partie de cette œuvre : les brusques élans, les joies, les rêves vagues, les hésitations et les renouveaux d’espoir qu’engendre pour un artiste la poursuite ardente du but, hélas rarement atteint.

— Voulez-vous que nous dédiions la seconde partie à quelque penseur inconnu, doux platonicien ayant lu cependant Schopenhauer, et qui serait, tendrement, pacifiquement démocrate?

— Alors l’Utopie nous conduira par la main vers un tableau final où les penseurs et les artistes guident un peuple fort vers de l’idéal et de la joie.

L’auteur ne s’est livré à aucune «fantaisie spéciale» d’écriture, il a voulu rester simple et correct autant qu’il le pouvait et, pour ce qu’il attend de tout cela, vous renvoie à l’épigraphe de la «Fantaisie-Sonate» :

— «C’est icy un livre de bonne foy, lecteur. Il t’advertit dès l’entrée, que je ne m’y suis proposé auscune fin, que domestique et privée : je n’y ay eu nulle considération de ton service, ny de ma gloire; mes forces ne sont pas capables d’un tel dessein…»

Michel Montaigne. Essais. (Avertissement de l’Autheur.)

[GC2-187]