Informations
Titre en français : Aucassin et Nicolette
Année de composition : 1908-09
Notice (fr) : Cette chantefable fut composée du mois d’août 1908 au mois de janvier 1909 et joué par M. Aubry en 1909, salle Pleyel, le 6 janvier 1910, et au Washington Palace le 11 février de la même année.

À l’occasion du quintette de M. Le Flem (voir p. 6), nous avons déjà dit ses tendances artistiques et nous avons aussi cité ses œuvres principales. Nous n’y reviendrons pas. Aucassin est d’ailleurs la plus connue de ses compositions. Son inspiration, le titre suffirait à l’indiquer, est franchement bretonne et on y remarque le même désir de concilier l’impeccabilité de d’Indy avec l’impressionnisme de Debussy. Trois thèmes principaux sont à noter: celui de Garin:

[Exemple 1]

celui d’Aucassin:

[Exemple 2]

et celui de Nicolette qui est le motif d’amour:

[Exemple 3]

Dans tout le cours de la chantefable, ces leitmotivs se retrouveront, transformés naturellement, mais donnant quand même à l’œuvre une unité fort agréable. Ce morceau, à l’exception de la seconde idée qui lui est spéciale et ne reparaîtra plus par la suite, est entièrement bâti sur ces trois thèmes conducteurs. Ainsi groupe-t-il les éléments essentiels de l’œuvre et offre-t-il cette sorte de résumé thématique que C. Franck réservait d’habitude à la dernière partie.

Le second morceau est un mouvement vif du type «scherzo simple à un seul trio». Il dérive en toutes ses parties du thème conducteur Z: énoncé de façon alerte et rythmique dans le Scherzo proprement dit, mélodiquement alangui et voilé d’une variation:

[Exemple 4]

dans le trio dont la troisième période associe, par deux fois, à ce thème Z, le thème X légèrement altéré. Il faut noter dans le Scherzo, l’utilisation d’un élément emprunté à la seconde période de la première idée du morceau précédent.

L’Andante, de même que le Scherzo, n’apporte aucun élément mélodique nouveau. Tout y est issu des premier et deuxième thèmes initiaux. Construit dans la forme du «grand lied à cinq compartiments», ses divisions, très nettes, sont aisément reconnaissables. Les compartiments impairs sont consacrés au déploiement en phrase de lied du thème Y. Dans les compartiments pairs, on entend chanter le thème X, en variation amplificatrice, parmi l’imprécision voulue d’un accompagnement vaporeux.

On remarquera, dans le troisième compartiment, une ingénieuse disposition du thème que les deux instruments se renvoient en canon à distance de tierce.

Dans l’exposition du Finale, en forme de «premier mouvement» comme la pièce initiale, tous les éléments (première idée, pont, deuxième idée) sont nouveaux. Cependant, la première idée offre avec le thème principal X une parenté évidente.

Le développement, sous des aspects rythmiques fort divers, combine ces éléments avec une nouvelle variation du thème X, et, en une vive progression, amène une claire réexposition où la tonalité de la maj. prend un instant la place du ton principal ut maj. Une conclusion développée prépare longuement une dernière exposition du thème X qui trouve ici son expression la plus affirmative et la plus solennelle. L’ouvrage s’achève joyeusement, non toutefois sans laisser percevoir un tendre et mélancolique rappel du thème Y de l’Andante.

Une rapide et sèche analyse, ajoute notre collaborateur M. A. Groz, ne doit point faire oublier que les moyens employés ici (moyens dont cette analyse fait ressortir avec une inévitable exagération le caractère intellectuel et la complexité), convergent tous vers un but unique: l’expression.

[GC2-34]

Exécution : 328797
Artistes impliqués
Nom Part Fonction Id éditeur Genre
Paul Le Flem Compositeur M
Paul Le Flem Auteur M