| Notice (fr) : |
La page titre de l’autographe de 1723 des Inventions et sinfonias, signée par Jean-Sébastien Bach (1685-1750) lui-même, nous révèle que ces pièces sont destinées aux amateurs de musique pour clavier et spécialement à ceux qui désirent apprendre à jouer de cet instrument. Elles permettent d’acquérir un jeu chantant et une clarté dans l’exécution des œuvres à deux et trois voix, en plus de fournir de modèles pour la composition. Écrites sur une période de trois ans, les 30 pièces qui forment le recueil regroupent 15 inventions à deux voix et 15 sinfonias à trois voix. Des 15 sinfonias, huit ont été inscrites au programme du concert de ce soir. Mais une question se pose : comment répartir les trois voix entre les quatre mains des deux clavecinistes? Alors que chez Bach, il semble parfois presque incroyable qu’une personne puisse, à elle seule, rendre justice à la densité du discours musical (pensons aux versions pour orgue du ricercare à six voix de L’Offrande musicale), ici, c’est exactement le contraire qui se produit. En effet, il semble y avoir trop de ressources (quatre mains, c’est-à-dire quarante doigts…) et pas assez de matière musicale (trois voix). Pratique injustifiée? Pas du tout. Dans son Avis accompagnant l’Apothéose de Lully, François Couperin mentionne cette situation et prescrit même la solution: la basse doit être jouée par les deux mains gauches des clavecinistes, tandis que chacune des mains droites joue l’un des deux dessus. C’est de cette façon que seront interprétées les sinfonias. |